Semaine 2 : Strasbourg-Dorfgastein : 650kms


Une aventure c'est avant tout un saut dans l'inconnu. Et il faut bien avouer que le passage en Allemagne a marqué pour nous un véritable bond.

Il est des choses qui ont changé : la langue, les panneau, les pistes cyclables et les boulangeries.

Et il est des choses qui n'ont pas changé : notre fréquence de pedalage, une côte à 15% reste une côte, le froid mord toujours autant et la gentillesse des personnes rencontrées qui continue de nous émerveiller.


Notre saut dans l'inconnu a donc commencé avec le franchissement du Rhin, juste après Strasbourg, frontière naturelle qui sépare la France de l'Allemagne.

Les premiers kilomètres en territoire germanique ont été pour nous l'occasion de petits réglages, nos "bonjour" habituels se sont transformés en "hallo" lancé avec plus ou moins d'aplomb. Et c'est ainsi qu'au détour d'un canal, un de nos Hallo a trouvé echo en la personne de Frank, notre premier allemand rencontré qui n'a pas manqué de nous encourager et de nous enjoindre de rester "safe" comme on dit là bas (à moins que ce ne soit aux États-Unis).

Notre périple s'est poursuivi avec enthousiasme jusqu'aux contreforts de la Forêt Noire où nous avons pu lâcher nos premières grimaces en allemand. La raideur de la pente, la vitesse des voitures allemandes et le déluge qui s'est abattu sur nos frêles montures, ont mis à rude épreuve notre motivation.

L'arrivée en haut et la descente en trombe vers Freudenstat (malgré un déluge dantesque) nous ont permis d'aborder avec sérénité la recherche d'un logement.

C'est ainsi que grâce à la gentillesse d'Andréa et à nos quelques mots d'allemand, nous avons pu dormir au chaud dans une salle de la paroisse catholique de la ville.


Lundi 4 novembre, 9e jour du périple


Après un réveil en douceur, nous avons rapidement mis les voiles afin de rependre nos bonnes habitudes et "engranger du kilomètre".

La sortie de Freudenstat ne fut pas de tout repos (il faut dire que les allemands n'aiment les vélos que lorsqu'ils sont à leur place, sur une piste cyclable) mais nous avons pu finalement nous en extirper, direction Tübingen

Après un pause mécanique sous la pluie, et regonflés par un café offert par une gentille allemande, nous avons atteint Tübingen en longeant le Neckar. Quelques chemins boueux et champs traversés plus tard, nous avons atteint exténués et le moral à plat la ville de Dettingen an der Erms.

Poussés par la Providence nous avons atteri chez Heidi et Bernhard & Renate, deux foyers de paroissiens qui nous ont accueillis pour la nuit.

Propres et délassés, nous nous sommes endormis comme des bienheureux, le moral à bloc !


Mardi 5 novembre, 10e jour


La gentillesse et la bonté des personnes que nous rencontrons nous marquent chaque jour. Et ce jour qui commence ne fera pas exception.

A peine levés, nos hôtes nous embarquent tous les trois pour une petit dej allemand à base de Bretzel et Schnitzel. Les discussions sont riches et le moment du départ est une fois de plus, émouvant.

Une fois parti, les kilomètres défilent malgré les exigeantes Schwabish Albs, un relief que nous domptons avec patience !

Nous rejoignons finalement Ulm et le mythique Danube, ça y est, cette fois nous sommes bien dépaysés !

Nous decidons de faire étape dans la petite ville de Leipheim, à la limite du Baden Wurtemberg et de la Bavière, où le père Johannes Maria, nous accueille avec un sourire qui vaut tous les accueils du monde !

Une fois installés, il nous emmène dans un restaurant typique bavarois où nous nous régalons de bières et autres spécialités locales. Nous repartons les bras chargés de confitures, bières et vins que la patronne Anna, tenait à nous offrir (il serait bête de mourir de soif avant Jérusalem).


Mercredi 6 novembre, 11e jour


Une nouvelle fois, nous partageons un petit déjeuner allemand avec notre hôte puis nous partons avec la bénédiction du père et son sourire qui nous éclairé encore.

Nous traversons la Bavière et filant vers Münich où deux amies nous attendent.

Les fermes succèdent aux forêts de sapins qui succèdent aux bulbes des clochers dans une répétition sans fin mais guère monotone.

Nous arrivons finalement dans la capitale de la Bavière, Münich en battant notre record sur une journée, 130kms !

Nous partageons la soirée avec Philippine et Anne Victoire qui nous accueillent. L'occasion de reparler français et de partager un petit bout de chez nous en terre allemande !


Jeudi 7 novembre, 12e jour


Après l'exploit sportif de la veille, la journée est dédié au repos. Au menu, départ tardif et 60km vers la haute Bavière. Après avoir partagé le périr déjeuner avec nos hôtes, nous quittons Münich non sans avoir visité la cathédrale et la célèbre Marienplatz.

Notre journée sera marquée par le passagz symbolique des 1000km et l'apparition des Alpes dans le panorama.

Nous faisons escale à Wasserburg, petite ville de haute Bavière. Après la messe et grâce à la mobilisation de Dada, une pieuse et énergique croate qui remue ciel et terre pour nous trouver un logement, nous trouvons enfin un lieu où reposer la tête, après avoir auparavant été invités à dîner par Dada, qui nous reçut comme des rois.


Vendredi 8 novembre, 13e jour


Ce jour est particulier car il marquera l'entrée dans un troisième pays, l'Autriche !

Après avoir quitté Wasserburg, nous naviguons dans le froid et la brume bavaroise pour finalement atteindre Salzburg, ville autrichienne frontalière. Cette ville est célèbre car elle a vu naître un musicien vaguement connu. Ce musicien n'y a d'ailleurs pas laissé d'empreinte. Et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à boire un café sur la Mozartplatz, non loin de la Mozarthaus, en dégustant un Mozart kugel.

Ceci fait nous avons pris la direction du couvent franciscain où le frère Beda nous a accueilli avec une grande douceur, nous faisons nous sentir comme chez nous.


Samedi 9 novembre, 14e jour


Il serait peu honnête de dire que nous n'avons pas songé à rester à Salzburg, tant l'accueil des franciscains nous a touchés. Mais le quotidien d'un pèlerin c'est la route et s'il n'avance pas, il s'empate et reprend goût au confort qu'il a abandonné.

Nous avons donc repris notre route vers la cœur de l'Autriche, sous un déluge, pour changer.

Cette journée exigeante au cœur des Alpes mit à rude épreuve nos organismes. Les premières plaques de neige nous ont rappelé que nous partions en novembre et qu'il fallait maintenant assumer !

C'est ainsi qu'au gré des montées, des tunnels, des alpages et des névés, nous avons atterri en plein cœur du Gastein, dans une superbe vallée, entourée de hauts sommets enneigés, dans le village de Dorfgastein. Ce charmant petit village nous mit à l'épreuve et la froideur des gens nous obligea à passer une nuit peu commune, au fond d'une charmante église autrichienne. Une nuit où rien ne semblait pouvoir nous arriver, avec une telle protection.


Cette deuxième semaine fut donc pour nous trois, une véritable aventure à elle seule. La barrière de la langue, le froid, les différences de mentalité ou encore le relief nous ont sorti de notre routine pour être toujours plus dépouillés face à l'incertitude du voyage. La bienveillance de la Providence nous a portés pour nous laisser toujours plus surprendre par l'innatendu !


Côme, Pierre-Emmanuel et Pierre-Étienne, les Barouleurs.