Semaine 3 : Dorfgastein-Karin : 550km


Un célèbre proverbe un peu usé dit : "jamais deux sans trois" . C'est donc gonflés à bloc (et un peu usés par notre premier jour dans la neige des Alpes) que nous avons décidé de dire : jamais deux semaines sans une troisieme.


Dimanche 10 novembre : 15ème jour


Après une fraîche mais reposante nuit au fond de l'église de Dorfgastein, c'est aux aurores que nous avons décidé de partir pour profiter pleinement de cette journée alpine (et aussi pour éviter les paroissiens matinaux qui n'auraient que peu goûté la présence de trois va-nu-pieds au fond de leur église). Lever 6h, départ 6h30, c'est par un rythme de sénateurs que nous avons rejoins la pittoresque ville de Bad Gastein, station de ski cossue, prisée des riches Autrichiens.

Après la messe matinale nous avons pris la direction de Villach, lieu du terme de notre étape. C'est au bout de 5h d'effort au milieu des sapins enneigés, cernés par les hautes montagnes autrichienne que nous sommes arrivés dans la ville de Villach. Comme tous les soirs, notre attention s'est alors focalisée sur la recherche d'un lieu de bivouac. Après des péripéties qui mériteraient un roman à elles seules, nous avons finalement été accueillis dans un foyer pour jeunes par Alexandra et Marie Christin qui nous ont réchauffés par leur sourire chaleureux et leur générosité débordante.


Lundi 11 novembre : 16e jour


Une fois de plus, la journée a commencé par un petit déjeuner offert par nos hôtes dont la générosité n'a décidément pas de limite !

C'est donc l'estomac plein et le cœur léger que nous avons pris la route de la Slovénie, notre quatrième pays traversé.

Après un col monstrueusement redoutable (des pentes à 19% s'il vous plaît !), nous avons pu tranquillement descendre vers la vallée slovène en direction de Ljubljana.

C'est finalement sous la pluie, dans la nuit, la boue et les klaxons (le slovène klaxonne comme le parisien) que nous avons pu rejoindre Ljubljana pour la nuit.


Mardi 12 novembre : 17e jour


Lorsque l'on part en Europe Centrale en novembre, il faut s'attendre à être bronz...mouillé. C'est donc sous un déluge à vous faire regretter la Bretagne que nous avons foncés vers le sud du pays. Au milieu des forêts, dans les chemins caillouteux, balayés par le vent et observés pas des ours (les ours slovènes sont célèbres dans les Pyrénées paraît il), nous vons finalement atteint notre destination, Ilirska Bistrica.

Accueillis par les cloches nous avons immédiatement rejoins l'église où la messe commençait. Après l'office (qui nous aura permis de nous égoutter un peu, à défaut de comprendre l'homélie), et grâce à la mobilisation de tous les paroissiens, nous avons été pris en charge par Helena qui nous a immédiatement emmenés au restaurant pour recharger nos batteries puis au presbytère où nous étions attendus pour étendre nos sacs de couchage. C'est donc au sec, et l'esprit bercé par le tambourinement du déluge au dehors m, que nous avons pu rêver aux plages de la côte croate.


Mercredi 13 novembre : 18e jour


La journée a commencé de la plus belle des manières avec un petit déjeuner slovène partagé avec le père Stanko et le père Gaspard. Nous avons pu ainsi partager sur notre pèlerinage, la Slovénie, l'Eglise... Puis c'est sous notre déluge quotidien que nous avons pris la route, emballés dans nos sacs plastiques. C'est débordant d'énergie et en longeant des rivières débordantes que nous avons rejoins la frontière croate. Deux gentils contrôles de passeport plus tard nous avons pu plonger vers Rijeka et la mer Adriatique, dans un ultime galop.

Grâce à notre ange gardien, Davorka, que nous avions rencontrée en Allemagne, nous avons pu dormir au monastère franciscain Notre Dame de Trsat, sanctuaire mariale qui surplombe la mer Adriatique.

Une fois de plus, nous avons été accueillis avec chaleur par les frères et tout particulièrement par le supérieur, le père Bernard, ainsi que par les cinq jeunes novices : Antonio, Miroslav, André, Thadée et Georges.


Jeudi 14 novembre : 19e jour


Le cadre idéal et la fatigue accumulée lors des 1500 premiers kilomètres nous ont décidés à profiter d'une journée de pause à Rijeka pour refaire nos forces.

Nous avons pu ainsi : faire la grasse matinée, visiter la ville, panser nos petites blessures, soigner nos montures et enfin boire et reboire du café en discutant avec nos amis du noviciat du pélé, de leur vocation, ou encore de notre deuxième étoile.


Vendredi 15 novembre : 20e jour


Quitter nos hôtes est chaque jour difficile tant des liens forts se créent en si peu de temps, mais ce matin là, le départ fut tout particulièrement difficile. Quitter la bienveillance de nos amis franciscains et la jovialité des novices après deux jours passés à Trsat nous a particulièrement marques. Ajoutez à cela la reprise d'un rythme sportif après une journée de repos et la distance de 125km à parcourir et vous obtenez une difficile remise en route.

Le cadre enchanteur de la côte croate nous a cependant vite remis sur les rails vers Jérusalem.

Les 90 premiers kilomètres furent ainsi avalés dans la joie et l'allégresse sur les hauteurs de l'Adriatique.

Mais s'il fallait retenir une seule leçon de cette semaine, c'est bien qu'il ne faut jamais prendre les choses pour acquises. Alors que Karlobag nous tendait les bras, les 35 derniers kilomètres se sont transformés en calvaire à cause d'un vent du sud soufflant à plus de 65kmh que nous recevions de face. S'est alors engagé un combat physique et mental avec nous même. Combat que nous avons remporté après 40km de lutte, en arrivant à Karlobag, dans la nuit. Grâce à nos amis franciscains nous avions le contact d'un monastère capucin où nous avons été accueillis pour la nuit.


Samedi 16 novembre : 21e jour


C'est par une messe en croate que notre journée a commencé, mettant notre cœur dans les meilleurs dispositions pour recevoir une pluie de grâces. Pluie qui ne s'est pas faite atteindre, puisqu'une fois de plus c'est sous un déluge que nous avons quitté le monastère, après un petit déjeuner partagé avec les frères.

Journée de transition, après le 125 km de la veille, nous avons pu ainsi profiter du paysage de la côte, sous un ciel menaçant mais sans vent (celui-ci ayant décidé de se reposer pour être frais pour le lendemain #teasing).

Nous avons ainsi avalé les 90km en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, malgré quelques averses solides.

C'est ainsi que nous avons fini cette semaine en beauté, dans le petit monastère franciscain de Karin, au bord de la mer de Karin, accueillis par le père Petar, prieur du lieu.

Une fois de plus, la devise franciscaine "Pax et Bonum" nous a accueilli et nous avons pu nous reposer, chacun dans sa cellule, avant la peine du lendemain (#teasing).


Cette troisième semaine fut une fois de plus, une vie à elle seule tant les rencontres furent riches et les émerveillement nombreux. Nous continuons notre route vers la ville Sainte en compagnie de nos fidèles montures, Gaspard, Melchior et Balthazar, de dame Providence et de nos anges gardiens qui ont toujours autant de soucis à se faire (mais promis chères mamans, on fait attention !).


Nous vous portons dans nos pensées et nos prières,


Côme, Pierre-Emmanuel, Pierre-Étienne, Les Barouleurs