Semaine 5 : Elbassan-Neos Xerias :


En solidarité avec nos amis français qui ont pu profiter des joies de la grève, nos équipes de rédaction se sont mises en grève également. Vous aurez donc la joie de profiter de cet article, un peu tardivement.

La route continue donc pour nous, et ces deux dernières semaines auront été l'occasion pour nous d'un dépaysement total, de l'Europe vers l'Asie. Nous avons pu traverser des pays et cités, berceaux de civilisation : la Grèce et Thessalonique continuant notre route vers la Turquie et Constantinople : la Sublime Porte !


Dimanche 24 novembre : 29e jour


Après notre nuit dans les montagnes albanaises, nous avons finalement rejoint une route en bitume direction la Macédoine en zigzaguant au fond d'une vallée, entre les chiens errants, les Mercedes defoncées et les nids de poules. Dans la poussière soulevée par les camions nous avons finalement pris d'assaut un dernier col avant de plonger vers la Macédoine du Nord où un contrôle d'identité et un douanier fan de Mbappé nous attendaient. C'est dans la nuit que nous sommes arrivés à Orhid.


Lundi 25 novembre : 30e jour


La Macédoine du Nord c'est un peu comme le plat de légumes du même nom. C'est quelconque et ça manque de goût. Même si le temps gris, les camions nombreux et la pluie battante ont forcément influencé notre jugement. Toujours est il que cette journée bien morne ressemblait plus à une après midi morose parisienne (l'alphabet cyrillique en plus) qu'à l'idée exaltante que nous nous faisions de la route. Mais puisque chaque jour nous réserve sa surprise, c'est un moment de chercher notre logement que celle ci est venue. Alors que les églises orthodoxes locales ne pouvaient nous accueillir, nous avons décidé d'aller toquer à la porte d'une mosquée. C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés accueillis par Ilyas, un pieux musulman qui nous a beaucoup touchés par sa gentillesse.

Après un dîner partagé avec lui, son ami Hadji et ses deux fils, nous avons pu nous endormir bien heureux d'être au sec.


Mardi 26 novembre : 31e jour


Après un réveil un peu particulier (prendre son café à côté de son hôte qui découpe un mouton entier est une expérience particulière), c'est une fois encore avec émotion que nous avons dit au revoir à Ilyas. Cette rencontre par son caractère particulier nous a montré une fois de plus combien la Providence empruntait des chemins bien surprenants.

C'est donc regonflés à bloc que nous avons filé vers la Grèce, pays mythique s'il en est !

La frontière de notre 10e pays traversée, c'est face à un pays désert que nous nous sommes retrouvés. Rien de nouveau sous le soleil, si ce n'est l'alphabet, les chiens errants cherchant toujours à nous mordre les mollets et les camions nous saluant toujours de leur klaxon.

Un pays désert donc, jusqu'à la première ville, Edessa où nous souhaitions dormir. Les églises orthodoxes ne pouvant nous accueillir, c'est vers un monastère que nous avons cherché l'hospitalité. Après 20min à sonner et à attendre une réponse, c'est finalement deux policiers grecs en civil qui se sont chargés de nous répondre. En effet, le monastère se trouvait être un couvent de sœurs qui nous ont pris pour des personnes mal intentionnées. Le quiproquo levé, les policiers se sont montrés des plus agréables, cherchant eux même une solution pour nous loger. Malheureusement, après 10min de tractations téléphoniques avec leur supérieur, ils se sont vus au regret de ne pouvoir nous aider. C'est finalement sous leurs encouragements, que nous avons pu repartir avec la ferme intention de trouver un champ pour dormir. Après quelques kilomètres dans la nuit, nous avons trouvé refuge à l'ombre d'un olivier, notre bivouac du soir.


Mercredi 27 novembre : 32e jour


La route, c'est avant tout des joies simples. Un rayon de soleil levant entre les feuilles d'un olivier fait partie de ces petits plaisirs du quotidien que l'on n'echangerait pour rien au monde.

Le moral était donc au beau fixe avant d'entamer cette journée qui devait nous permettre de rejoindre Thessalonique.

Après 20km le long d'une quatre voies, nous nous sommes retrouvés face à la mer, le soleil au zénith pour un accueil de rêve au cœur de Thessalonique cité des Thessaloniciens et de ses pitres (si vous l'avez, vous avez gagné un coup de klaxon d'un camion albanais).

Une fois le plein de soleil effectué, nous nous sommes rendus à la paroisse catholique de la ville (la Grèce est très majoritairement orthodoxe) pour demander l'hospitalité. Nous avons alors fait la rencontre du père Agipite, un père lazariste Camerounais. C'est donc dans la langue de Molière que nous avons pu raconter notre périple et ce qui nous a conduit jusque là. Après la messe, où nous avons découvert le grec, nous avons fait la rencontre dep0 David, un pèlerin français parti du Barroux en Provence et se rendant lui aussi à Jérusalem.


Jeudi 28 novembre : 33e jour


Afin de reposer nos chétives carcasses, nous avions décidé de nous octroyer une journée de pause. Nous nous sommes ainsi élancés à la découverte de la ville où flotte un agréable air de légèreté, qui nous appelerait presque à rester.


Vendredi 29 novembre : 34e jour


Perchée au bord de la mer Egée, Thessalonique est agrippée à une petite colline qui nous donne une vue splendide sur la baie et les montagnes enneigées au loin. C'est avec ce panorama que nous reprenons la route. Le paysage change un peu mais c'est toujours dans une ambiance méditerranéenne que nous roulons, le soleil nous chauffe le dos, les odeurs de pins et romarins nous chatouillent les narines...et les chiens errants cherchent toujours à nous rattraper (soupir).

Sur la route nous croisons des personnes étrangères, qui semblent être des migrants, ils marchent sans bagages et sans eau...

Le soleil déclinant nous décidons d'établir notre bivouac au milieu des oliviers, face à la mer. L'air est encore tiède pendant que nous préparons notre ration de pâtes quotidiennes.


Samedi 30 novembre : 35e jour


Ne souhaitant pas croiser un aimable agriculteur grec, c'est aux aurores que nous partons. La mer n'a pas changé de place et nous la longeons, là encore avec le soleil.

La pause déjeuner sur la plage est l'occasion d'un concours de ricochets.

A l'approche de Kavala, un cycliste nous double, il nous encourage et à l'occasion d'un feu rouge nous le rattrapons et engageons la conversation.

Georges, sauveteur en mer, nous indique un magasin de vélo afin de réparer la monture de Côme. Le magasin étant fermé à 14h (nous ne sommes pourtant pas à la Poste en France), nous décidons de prendre un café avec notre ami grec, fervent vegan. La discussion est passionnée et après une photo collective c'est encore sous le soleil que nous repartons.

Quelques kilomètres plus loin, nous quittons la route pour nous enfoncer dans la campagne, à la recherche d'une plantation d'oliviers accueillante. Le bivouac dressé, c'est sous les étoiles que nous nous endormons, l'âme en paix et le cœur sans voile.


Semaine mouvementée, semaine pleine de surprises, semaines pleines de nouveaux visages, bref semaine de route. Cette route qui nous travaille, nous façonne et nous change petit à petit, pour nous aider à nous recentrer sur l'essentiel. L'action quotidienne de la Providence nous apprend l'abandon et la confiance en Celui qui veille sur nous et nous guide vers Jérusalem.



C'est confiants et déterminés que nous continuons, E Ultreïa !


Nous vous portons tous dans nos pensées et prières,


Côme, Pierre-Emmanuel et Pierre Étienne, les Barouleurs